En dépit de la richesse de ses ressources en terre, l’industrie pétrolière vénézuélienne souffre de nombreux maux. Quelle en est l’origine ? Au-delà des actions internationales à l’encontre du gouvernement, c’est toute la politique conduite depuis 1999 sous l’étiquette du “socialisme du 21ème siècle” qui doit être questionnée.
Déjà publié dans sa version originale sous le titre : Venezuela: El petróleo y el Socialismo del Siglo XXI, cet article a été traduit en français par Floriane François et Luca Zinfollino, étudiants au sein du Master LEA, parcours Traduction spécialisée multilingue, université Grenoble Alpes, sous la direction de Sandrine Rol-Arandjelovic.
L’économie vénézuélienne est une économie de rente pétrolière présente sur la scène internationale. Cette affirmation est à la fois significative et dénuée de sens. Plus de précisions et de rigueur s’imposent. En effet, elle est significative, car l’économie vénézuélienne dépend en grande partie du régime fiscal, ou, pour être plus précis, du montant des revenus pétroliers internationaux, applicable au volume de production de pétrole brut destiné à l’exportation. Par conséquent, toute variation du prix international du pétrole qui ne serait pas compensée par le volume des exportations aura immédiatement des répercussions sur l’économie vénézuélienne et sur les attentes rationnelles de ses agents économiques (Lire : Moyen-Orient : le piège de la rente pétrolière). Dans cet état de fait, il convient de préciser que le Venezuela ne génère aucun revenu à partir de la consommation intérieure des produits pétroliers[1]. De plus, le pays ne fixe pas de façon autonome le prix du pétrole sur le marché mondial, mais il se contente d’en tenir compte. Néanmoins, l’affirmation initiale est tout aussi dénuée de sens, car la dépendance vis-à-vis des revenus pétroliers internationaux se manifeste à plusieurs niveaux. En effet, une économie nationale dont la balance commerciale dépendrait à 69 % des exportations d’un seul et même produit se porterait mieux qu’une économie nationale qui dépendrait de celles-ci à 96 % ou 98 %. Les retombées économiques et sociales seraient plus graves dans le second cas, l’économie vénézuélienne en fait d’ailleurs les frais depuis 1998.
En outre, le volume national de production de pétrole brut a chuté de 3 120 000 barils par jour (b/j) en 1998 à environ 732 000 en mars 2019. Paradoxalement, cette baisse s’est produite en dépit de nombreux programmes officiels annoncés pour augmenter la production jusqu’à six millions de b/j. Par conséquent, le volume d’exportation, l’une des variables déterminantes de l’économie vénézuélienne, a également chuté de manière importante : en l’absence de statistiques nationales et étant donné la diminution de la production, ce volume est estimé à moins d’1 million de b/j.
Pour ne rien arranger, le gouvernement vénézuélien a dépensé non seulement l’intégralité des importants revenus pétroliers qu’il a perçus, mais aussi une grande partie des réserves de change accumulées. Profitant de l’augmentation des prix du pétrole pour contracter des emprunts considérables, le pays s’est progressivement endetté. Or, la société vénézuélienne pourra difficilement rembourser ces dettes en raison de l’effondrement de son économie.
Dans ce contexte, l’ensemble des sanctions diplomatiques, financières et militaires prises par les États-Unis et plusieurs gouvernements de l’Union européenne (UE) et d’Amérique latine contre certains fonctionnaires et biens de l’État vénézuélien n’a fait qu’aggraver la situation socio-économique du pays. Par exemple, le 28 janvier 2015, les États-Unis ont sanctionné Petroleos de Venezuela (PDVSA), la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne, en gelant ses avoirs, mais aussi ceux de Citgo Petroleum Corporation, sa filiale nord-américaine. Cependant, la difficile conjoncture actuelle du pays ne résulte pas directement de ces sanctions. En effet, les causes profondes des bouleversements économiques et sociaux, que connaît le Venezuela aujourd’hui, reposent sur les prévisions qui ont servi à l’élaboration de la politique mise en œuvre depuis 1999 et sur leurs conséquences prévisibles, à savoir, l’augmentation des prix du pétrole et l’occasion en or que cela représentait pour que l’État finance la construction d’une nouvelle économie, dirigée par le président de la République, qui devait remplacer le capitalisme rentier vénézuélien en crise par le socialisme du 21e siècle[2]. Mais celui-ci s’est rapidement transformé en une sorte de laboratoire social. Il a même fini par présenter certaines caractéristiques du socialisme réellement existant du 20e siècle en raison du poids excessif de l’État et du comportement individualiste, autoritaire, militariste et prédateur de la classe dirigeante.
1. Une nouvelle politique pétrolière
À la suite de sa prise de fonctions le 2 février 1999, le président Hugo Chávez a assumé l’une de ses premières décisions dans le cadre de ses compétences institutionnelles. Outre la mise en œuvre du « Plan Bolívar 2000 », il a annoncé vouloir se consacrer à la création d’une nouvelle politique pétrolière[3].
Deux causes ont influencé cette décision. Premièrement, le prix du pétrole exporté par le Venezuela en 1998 avait atteint un niveau si bas qu’il s’était approché de son coût moyen de production (Figure 1). Il fallait donc tenter de l’augmenter à nouveau.
Le prix d’exportation du pétrole avait effectivement atteint un niveau très bas pour l’économie vénézuélienne dont le Produit Intérieur Brut (PIB) dépendait fortement de l’industrie pétrolière, soit entre 20 % et 25 % en glissement annuel. Le coût moyen d’exportation du pétrole a commencé à augmenter en mars 1999. À la fin de cette même année, il était estimé à 16,04 $ ; soit cinq dollars et cinquante cents de plus que le coût moyen de production enregistré en 1998 lorsque le prix du panier pétrolier à l’’exportation du pétrole vénézuélien (brut et produits pétroliers) avait atteint son niveau le plus bas depuis 1976 (Figure 1), année d’entrée de PDVSA sur le marché (Lire : Petroleos de Venezuela (PDVSA), de la logique entrepreneuriale à la mission nationale).
Deuxièmement, le président Hugo Chávez voulait concevoir une nouvelle politique pétrolière qui, dans l’ensemble, lui permettrait de créer ou de réformer les institutions économiques chargées de fixer les prix du pétrole. Et ce, afin i) d’augmenter le montant des revenus pétroliers internationaux que l’État pouvait s’approprier, ii) de prendre le contrôle total de PDVSA, et iii) de soumettre les compagnies pétrolières étrangères présentes dans le pays aux nouvelles règles du jeu.
1.1. Augmentation du montant des revenus pétroliers internationaux
Au Venezuela, trois variables déterminent le montant des revenus pétroliers internationaux : le régime fiscal, le volume d’exportation national, et le prix international du pétrole.
1.1.1. Le régime fiscal du pétrole vénézuélien
Le président Hugo Chávez a réformé le régime fiscal du pétrole par décret à plusieurs reprises. Il l’a réformé une première fois pour augmenter de 1 % à 33 % le taux de la redevance pétrolière applicable au prix de tout type de pétrole exporté depuis les terminaux de chargement vénézuéliens. Ensuite, il l’a réformé une deuxième fois pour intégrer la modalité des sociétés d’économie mixte entre PDVSA et ses associés nationaux et étrangers pour explorer et exploiter des hydrocarbures en remplacement des contrats signés auparavant. Puis, il l’a réformé une troisième fois pour réduire de 67% à 50 % la tranche d’imposition applicable à l’enrichissement net, lié à la vente du pétrole. Un détail technique explique cette baisse : alors que le taux de la redevance pétrolière est appliqué au revenu brut, sans aucune déduction, le taux de l’impôt sur le revenu est appliqué au revenu net (revenu brut – abattements fiscaux correspondants). Ainsi, grâce à la redevance, l’État obtient une source directe et très importante de revenus pétroliers internationaux. Enfin, il l’a réformé une quatrième fois pour soumettre toute la matière pétrolière à la juridiction nationale.
1.1.2. Le volume d’exportation national
Entre 1999 et 2014, soit en 16 ans, le Venezuela a exporté un total d’environ 15 336 millions de barils de pétrole brut et de produits pétroliers : presque 30 % de plus que sur les seize années précédentes (Figure2). De manière générale, le volume des exportations nationales équivaut au volume de la production auquel est soustrait le volume consommé sur le marché intérieur.
1.1.3. Le prix international du pétrole vénézuélien et son coût de production
Sur la même période, entre 1999 et 2014, le prix moyen du panier pétrolier vénézuélien à l’exportation a atteint environ 60 dollars par baril, soit 331 % de plus que sur les seize années précédentes. En comparaison, son coût moyen de production a seulement augmenté de presque 46 % (Figure 3).
Toutefois, le nouveau régime fiscal, et plus particulièrement le taux de redevance, n’a été appliqué qu’à PDVSA, et non aux compagnies pétrolières nationales ou étrangères associées présentes dans le pays (Lire : Pétrole, réformes et renégociation des contrats de l’amont pétrolier au Venezuela et au Moyen-Orient). Celles-ci étaient légalement protégées par leurs contrats, par le principe juridique de non-rétroactivité des lois et par les traités bilatéraux d’investissement signés par le Venezuela. Par conséquent, les prochaines étapes de la politique pétrolière du président Hugo Chávez consistaient, dans un premier temps, à prendre le contrôle total de PDVSA, puis dans un deuxième temps, à soumettre les compagnies pétrolières associées aux nouvelles règles du jeu.
1.2. Le contrôle total de PDVSA
Entre décembre 2002 et février 2003, la grève générale des employés et des ouvriers de PDVSA, appuyée par le gouvernement, a permis au président Hugo Chávez de prendre le contrôle total de la compagnie ou, pour le citer, d’avoir « la capacité à diriger PDVSA ».
Dans son allocution annuelle adressée à la population du pays et présentée devant l’Assemblée nationale le 15 janvier 2004, le président Hugo Chávez a déclaré : « […] L’année 2003 ne nous a laissé ni plus ni moins que le redressement de Petróleos de Venezuela (PDVSA) et de ses opérations, ainsi que la gestion de ses finances. Je peux vous dire que j’ai désormais la capacité de diriger PDVSA, mais qu’avant je ne contrôlais absolument rien. Et vous savez comment je me sentais ? comme un vrai misérable ».
Il a révélé :
« […] les crises sont souvent nécessaires. Parfois, il faut même les provoquer, tout en mesurant leurs effets, cela va de soi. La crise de PDVSA était nécessaire, même si nous, et bien, je ne vais pas dire que nous ne l’avons pas provoquée, nous l’avons bel et bien provoquée. En effet, lorsque j’ai décidé d’aborder ce sujet dans mon émission de télévision Aló President [le 7 avril 2002] et que j’ai commencé à mettre tout le monde à la porte, je provoquais la crise. Lorsque j’ai nommé Gastón Parra Luzardo président de PDVSA et que j’ai choisi ce nouveau conseil d’administration, nous provoquions la crise. Ils [les ouvriers du secteur pétrolier] ont riposté et le conflit a éclaté. Et voilà le résultat ! la crise était nécessaire. S’ils nous ont surpris, non pas vraiment […] »[4].
Pour prendre le contrôle effectif de PDVSA, le président a d’abord licencié environ 18 800 employés de la compagnie, approximativement 40 % de sa main d’œuvre totale, qui avaient presque totalement paralysé l’industrie pétrolière vénézuélienne pendant 63 jours. Il a ensuite nommé un de ses fidèles collaborateurs ministre de l’Énergie et du Pétrole, et président de PDVSA. La personne qui a conçu et approuvé la politique pétrolière au sein du gouvernement était donc la même qui l’a appliquée, supervisée et contrôlée en tant que président de l’entreprise[5]. Enfin, le président a renommé l’entreprise « la nouvelle PDVSA » et l’a qualifiée de « révolutionnaire », « rouge de chez rouge », « chaviste ». Et ce, pour la soumettre à ses décisions et à son intention de l’utiliser comme un instrument opérationnel et financier pour construire le socialisme du 21ème siècle.
En août 2005, lors d’une cérémonie qui s’est tenue dans un hôtel de Caracas, le président Hugo Chávez a présenté le plan stratégique de l’entreprise, PDVSA 2005-2012. « Il lui est [alors] venu à l’esprit de proposer » de proroger l’échéance à 2030 et de l’appeler « Plan 2005-2030, semence pétrolière [Plan Siembra Petrolera], pour faire coïncider cette période [de 25 ans] avec les festivités du bicentenaire de l’indépendance du Venezuela ».
« Monsieur le Ministre, mes chers amis, compagnons et confrères, je propose que nous baptisions ce Plan 2005-2030. Cette idée m’a traversé l’esprit. Je cherchais un nom depuis ce matin et il m’est finalement venu à l’instant, au moment où le ministre [du Pétrole, Rafael Ramírez] parlait. Je n’avais pas réussi jusque-là : j’en ai écrit beaucoup sur tout un tas de papiers raturés, mais aucun ne m’avait autant plu que celui-ci… Je propose… que nous baptisions ce Plan 2005-2030, Semence pétrolière [Plan Siembra Petrolera]. Je ne sais pas ce que vous allez décider, mais moi, à partir d’aujourd’hui, je vais l’appeler ainsi, le Plan 2005-2030. » Discours du chef de l’État lors de la présentation du Plan semence pétrolière (Plan Siembra Petrolera, 2005)[6].
Lors de ce même discours, le président Hugo Chávez a rebaptisé les six projets contenus dans le plan dont deux présentent un intérêt particulier.
- Le projet « Grande réserve de l’Orénoque» (Proyecto Magna Reserva Petrolera) vise à quantifier et certifier les réserves de la ceinture pétrolifère de l’Orénoque. Le nom des quatre zones d’exploration et de production de cette ceinture a été immédiatement modifié : Machete pour Boyacá, Zuata pour Junín, Hamaca pour Ayacucho, et Cerro Negro pour Carabobo. « Ce sont les noms des quatre gisements pétroliers de la ceinture de l’Orénoque ».
- Le projet Orénoque (Proyecto Orinoco) a pour but de développer pleinement la production de pétrole dans la ceinture pétrolifère de l’Orénoque (CPO), « une des clés, des leviers pour mener à bien le projet socialiste, et non pour soutenir le modèle de production capitaliste ».
Pour cette « première étape (2005-2012) », comme l’avait décidé le président Hugo Chávez lors de la cérémonie qui s’était tenue en août 2005, l’investissement pour le Plan semence pétrolière était estimé à 56 milliards de dollars. Cette somme représentait l’équivalent de 70 % des ressources de PDVSA et 30 % de celles des partenaires des futures sociétés d’économie mixte. Le principal objectif visait à augmenter la production de pétrole de 2,5 millions de b/j, ce qui correspond à une hausse de 3,3 millions de b/j en 2005 à 5,8 millions en 2012.
1.3. La soumission des compagnies pétrolières étrangères aux nouvelles règles du jeu
Entre 2005 et 2007, le gouvernement du président Hugo Chávez s’est entretenu à plusieurs reprises avec les compagnies pétrolières nationales et étrangères, opérant dans le pays depuis la politique dite d’ouverture pétrolière (política de Apertura Petrolera) du début des années 1990. Ces échanges avaient pour but d’inciter les compagnies pétrolières à modifier leurs contrats d’exploration et de production de pétrole (accords d’exploitation, de partenariat stratégique, ou d’exploration et partenariats avec partage des risques et des bénéfices) en vue d’adopter une nouvelle forme juridique : celle de sociétés d’économie mixte partagées avec PDVSA. Ainsi, la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne pourrait détenir légalement au moins 51 % de parts sociales du capital de ces sociétés, comme le prévoit la loi sur les hydrocarbures. De plus, les sociétés d’économie mixte seraient soumises au nouveau régime fiscal et, plus particulièrement, à la juridiction nationale.
La plupart des sociétés créées suite à la politique d’ouverture pétrolière ont choisi la nouvelle forme juridique d’entreprises d’économie mixte. Toutefois, quelques sociétés étrangères ont refusé ce changement et ont été expropriées (Total, ENI, ExxonMobil et ConocoPhillips). Certaines d’entre elles (ExxonMobil et ConocoPhillips) se sont ensuite tournées vers l’arbitrage international pour obtenir une indemnité, ainsi que le versement de dommages et intérêts.
Lors de la cérémonie qui s’est tenue en août 2005, le président Hugo Chávez avait annoncé le début des négociations avec les entreprises étrangères. Il avait alors arbitrairement décidé qu’il était le propriétaire du pétrole des Vénézuéliens :
« […] nous les avons sollicitées, nous allons négocier. Certaines d’entre elles se montrent féroces, elles vont nous poursuivre en justice je ne sais où. Eh bien, je m’adresse à tous ceux qui voudraient nous poursuivre en justice et à tous ceux qui voudraient partir : les portes vous sont grandes ouvertes pour que vous alliez chercher du pétrole ailleurs. Mais ici, les lois vénézuéliennes, la Constitution vénézuélienne et la souveraineté vénézuélienne doivent être respectées. Savez-vous combien ils ont payé de redevances ? … 1 %. Nous avons donc pris une décision sans appel : ils paieront désormais 30 %. Vous extrayez un baril de pétrole et vous me versez 30 % directement à la tête du puits. Parce que je suis le propriétaire de ce pétrole, tout simplement. »[7].
2. L’État finance la construction du socialisme du 21e siècle grâce à la répartition des revenus internationaux du pétrole
L’une des prévisions qui a servi à l’élaboration de la politique pétrolière mise en œuvre depuis 1999 tablait sur l’augmentation exponentielle des prix du pétrole. Ainsi, on pouvait faire des pronostics sur l’épuisement du pétrole ou, plus exactement, sur « la fin de l’ère du pétrole bon marché ». Par conséquent, l’étape suivante a consisté à quantifier et certifier les abondantes réserves disponibles au Venezuela. En effet, la politique de la révolution bolivarienne garantissait que l’État central bénéficierait d’avantages économiques pour financer la construction d’une nouvelle société : le socialisme du 21ème siècle.
2.1. La prévision de la fin de l’ère du pétrole bon marché dans le monde
Dans un éminent article publié en 1998, Colin Cambell et Jean Laherrère, géologues réputés, avaient conclu que le déclin des réserves découvertes et non découvertes de pétrole conventionnel « commencera avant 2010 » (Figure 4). Cette date annoncerait « la fin de l’ère du pétrole bon marché » et le début de « l’augmentation radicale du prix du pétrole ». Dans ce même article, les auteurs rappellent que, dans la ceinture pétrolifère de l’Orénoque au Venezuela, le volume de pétrole lourd non conventionnel est estimé à 1,2 milliard de barils. Toutefois, ils avertissent que l’exploitation de ces pétroles non conventionnels, des sables bitumineux ou des huiles de schiste (shale oil) en provenance du Canada et de l’ex-Union soviétique, « pourrait représenter un coût environnemental élevé. »
2.2. Estimation des réserves de pétrole vénézuéliennes
En 2005, PDVSA a lancé le projet « Grande réserve de l’Orénoque » (Proyecto Magna Reserva Petrolera) pour quantifier et certifier les réserves d’hydrocarbures de la ceinture pétrolifère de l’Orénoque, rebaptisée sous le nom d’Hugo Chávez Frías en 2016. Comme mentionné précédemment, cette ceinture est divisée en quatre zones: Boyacá, Junín, Ayacucho et Carabobo. Celles-ci sont réparties en 27 blocs de 500 km2 chacun, quantifiés et certifiés par PDVSA ainsi que par des entreprises publiques et privées de 33 pays, qui ont signé des accords à cet effet avec la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne. Par la suite, des sociétés internationales indépendantes ont également certifié ces réserves. Le ministère de l’Énergie et du Pétrole du Venezuela a alors pu inscrire le montant de « 297,57 milliards de barils nets de pétrole brut » dans les livres officiels des réserves prouvées d’hydrocarbures. En 2011, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a accepté ce chiffre et l’a intégré dans ses statistiques officielles (Lire : L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Un an plus tard, l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS) a fait de même. À la fin de l’année 2010, le Venezuela est ainsi devenu le pays possédant les plus grandes réserves pétrolières prouvées au monde.
2.3. L’Etat finance la construction du socialisme du 21e siècle par la répartition des revenus pétroliers
La nouvelle politique pétrolière garantissait qu’une grande partie des revenus du panier pétrolier vénézuélien exporté entrerait dans les caisses de l’État central, et notamment dans celles de l’Exécutif national, sous forme de revenus pétroliers internationaux. Par conséquent, la politique de la révolution bolivarienne pouvait également certifier qu’il s’agissait d’une occasion en or pour que l’État finance et procède à la construction d’une nouvelle économie. Celle-ci serait dirigée par le président de la République (« refonder la République » était le terme ambigu utilisé par le président Hugo Chávez) et remplacerait le capitalisme de rente vénézuélien en crise à cause du projet de la révolution bolivarienne ou du socialisme du 21e siècle. Cependant, le 8 mars 2000, lorsqu’il a licencié certains coopérants cubains, le président Hugo Chávez a déclaré : « C’est une obligation pour les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes de naviguer sur les mêmes mers, de partager la même notion de justice, de bonheur et de travail que le peuple cubain. »[8].
2.3.1. Revenus pétroliers extérieurs et rente pétrolière internationale
Entre 1999 et 2014, le Venezuela a perçu des revenus d’environ 845 milliards de dollars qui provenaient de l’exportation de pétrole brut et de produits pétroliers, soit plus de quatre fois le montant perçu au cours de la période précédente 1983-1998 (Figure 5).
Si l’on suppose que le coût unitaire de production comprend un bénéfice « normal » pour l’entreprise, le montant des revenus pétroliers internationaux qui auraient dû être perçus par l’Exécutif national, entre 1999 et 2014, peut être estimé en moyenne à 50,14 $/baril. D’après cette hypothèse, on peut également considérer que, sur cette même période, l’Exécutif national aurait dû percevoir environ 770 milliards de dollars de revenus pétroliers internationaux, soit 420 % de plus qu’entre 1983 et 1998. Ces chiffres sont sans doute plus élevés, car, entre 1983 et 1998, le gouvernement central (Exécutif national et Congrès national) a autorisé une réduction des composantes des revenus pétroliers internationaux. Il a notamment accordé des rabais sur les prix à l’exportation, supprimé la valeur fiscale des exportations, et allégé les redevances et l’impôt sur le revenu d’origine pétrolière.
2.3.2. Dette extérieure
Le gouvernement vénézuélien s’est servi de la période de flambée des prix du pétrole pour endetter la République de manière graduelle, soit environ 130 milliards de dollars fin 2012 (Figure 6). Or, l’économie vénézuélienne pourra difficilement rembourser ses dettes, car le ratio de la dette extérieure totale sur l’exportation de biens avait déjà atteint la proportion de 4:1 en 2015.
2.3.3. Circuits nationaux et internationaux de redistribution de la rente pétrolière
Au Venezuela, l’État est le seul agent économique national qui s’approprie les revenus pétroliers internationaux, car les administrations infrarégionales (gouvernorats et communes) ne possèdent pas cette compétence institutionnelle. Par conséquent, le gouvernement vénézuélien redistribue les revenus pétroliers internationaux en appliquant une politique économique anticonformiste que nous avons choisi de qualifier, dans d’autres travaux, « de redistribution » ou simplement « de répartition », car elle ne correspond pas exactement à la distribution pure et simple des économistes[9].
Depuis 1999, les revenus pétroliers internationaux sont redistribués par le biais de deux circuits : l’un international, l’autre national. Le premier, créé par le gouvernement d’Hugo Chávez, visait à obtenir le soutien politique et géopolitique d’une partie de la communauté internationale à la révolution bolivarienne et donc au socialisme du 21ème siècle. Le deuxième a maintenu la tradition et le caractère institutionnel et s’est subdivisé afin de créer un nouveau circuit. En effet, l’État finance les dépenses publiques grâce aux revenus pétroliers internationaux depuis 1920, date à laquelle le Venezuela a commencé à les percevoir, s’est modernisé et a intégré l’économie internationale grâce à l’essor de son industrie pétrolière (Lire : Pétrole : les anciennes concessions pétrolières du Venezuela et du moyen-Orient), le gouvernement du président Hugo Chávez a conservé ce circuit de redistribution. Cependant, il en a créé un nouveau, parallèle au budget national, afin de redistribuer les revenus directement et arbitrairement de la présidence de la République vers les organisations sociales populaires. Ces dernières allaient devoir rejoindre sa clientèle politique et bâtir la nouvelle économie du socialisme du 21ème siècle.
2.3.4. Le circuit international de redistribution
Le circuit international de redistribution a été mis en place en octobre 2000 à la suite de la signature de l’Accord de coopération énergétique de Caracas, qui regroupe 10 pays, et de la Convention intégrale de coopération entre le Venezuela et Cuba. En 2005, il se prolonge avec la signature de PetroCaribe, un accord de coopération énergétique entre 14 pays d’Amérique centrale et des Caraïbes. Cependant, la « pétro-diplomatie » est allée encore plus loin et a étendu son circuit de redistribution international vers d’autres horizons : l’Amérique du Sud avec l’initiative PetroAmerica, l’Afrique avec les dénommées « missions internationales »[10] ; des gouvernements infranationaux et des communautés de pays développés et en développement telles que la mairie de Londres, les communautés indigènes dans le Maine, l’Alaska et les communautés d’ascendance africaine du Bronx et de Harlem, aux États-Unis ; 25 municipalités dirigées par le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN) au Salvador ainsi qu’un regroupement de 53 communes dirigées par le Front sandiniste de libération nationale (FS) au Nicaragua ; des programmes incluant des personnalités telles que le sénateur Joseph P. Kennedy II et son programme Joe-4-Oil Heat ; des acteurs comme Danny Glover et même des pilotes de Formule 1 (PDVSA et Williams Grand Prix-Lotus F1 Team). Sur la base des informations disponibles, il est impossible de déterminer avec précision l’ampleur de l’expansion de la « pétro-diplomatie », et encore moins d’évaluer le montant correspondant à la redistribution des revenus pétroliers internationaux[11]
Dans les différents cas mentionnés ci-dessus, le gouvernement vénézuélien a soit donné de l’argent ou du pétrole brut, des produits raffinés et du gaz de pétrole liquéfié, soit les a vendus, mais à des conditions financières avantageuses afin de payer sa dette. Ou bien, il a échangé ces produits, le mot troc serait le plus approprié dans ce contexte, contre des biens et des services produits et exportés par le débiteur, tels que des médecins et des professionnels de santé cubains ; des sociétés de conseil anglaises ; du sucre et du café du Nicaragua ; du riz du Guyana et du Suriname ; des haricots noirs de République dominicaine ; du papier toilette, de l’essence et des pièces détachées indispensables aux machines de Trinidad ; des maisons préfabriquées, du lait, du fromage et des poulets d’Uruguay ; du soja, des vaches et de la viande de bœuf d’Argentine, et la liste est encore longue[12].
2.3.5. Le circuit national de redistribution parallèle
Le président Hugo Chávez a créé un nouveau circuit national de redistribution parallèle au budget national pour, selon une expression courante, « mettre la main sur les ressources » directement et arbitrairement depuis la présidence de la République jusqu’aux organisations sociales populaires. Leurs membres ont dû modifier les noms desdites organisations ainsi que leurs structures en fonction de l’évolution de l’efficacité des moyens de contrôle social du gouvernement. Ainsi, en privilégiant les réseaux bolivariens, il l’a étendu aux coopératives, aux conseils communaux régularisés, puis aux entreprises sociales de production, et enfin aux communes, aux collectifs et aux Comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP). Les membres des CLAP sont désormais identifiés grâce au « Carnet de la patrie », un document de contrôle comprenant un code personnalisé (QR) lequel, comme tout code de ce type, stocke et génère un grand volume d’informations dans un format réduit.
Les missions bolivariennes représentent un bon exemple de ce circuit parallèle. Depuis 2003, elles sont conçues et exécutées par le président Hugo Chávez « avec le soutien de Fidel [Castro] » dans le but de fournir des services d’aide sociale ou de distribuer des produits gratuits ou subventionnés aux classes populaires défavorisées du pays. Sans oublier l’objectif implicite de prosélytisme politique. Selon les dires du président Hugo Chávez, des représentants d’un institut international de sondage étaient venus l’avertir, mi 2003, au palais de Miraflores : « Monsieur le Président, si le référendum avait lieu maintenant, vous le perdriez ».
En novembre 2004, le président Hugo Chávez en personne déclare être réuni « en famille […] en compagnie de gouverneurs, maires, députés, dirigeants de nos partis politiques, du haut commandement militaire, de dirigeants sociaux, ministres […] », avant de passer en revue les missions bolivariennes et les résultats positifs des sondages : « Il n’y a pas de place pour la magie ici : c’est de la politique, pas de la magie. Et regardez comment nous en sommes arrivés là. Nous nous sommes présentés au référendum d’août 2004 dans les meilleures conditions possibles, contrairement aux membres de l’opposition. C’est ce qui nous a permis de leur flanquer cette raclée »[13].
Les missions bolivariennes constituent un ensemble hétérogène de programmes sociaux élaborés par le socialisme du 21e siècle. Celles-ci comprennent : la santé, l’éducation, la formation professionnelle, l’agriculture, les enfants des rues, les personnes âgées, l’énergie, la science, le logement, la vente de produits alimentaires de première nécessité, entre autres. Afin de gérer ces missions, le gouvernement a également créé une nouvelle structure institutionnelle parallèle regroupant : le réseau Mercal (Marché d’aliments), l’entreprise PDVAL (Production et distribution de denrées alimentaires au Venezuela), la société Miranda, les autorités chargées de la reconstruction de Caracas, les autorités à zone unique et les zones stratégiques de développement intégré, entre autres. Dernièrement, dans les régions où le vote populaire a élu quatre membres de l’opposition, le gouvernement a mis en place des « protectorats » qui sont des structures parallèles permettant au gouvernement d’assurer sa présence dans les régions remportées par l’opposition. Les autorités de l’opposition, élues démocratiquement, sont exclues des missions bolivariennes.
Des études récentes ont montré qu’entre 1999 et 2017, le socialisme du 21e siècle a fondé environ 60 institutions financières parallèles pour gérer 13 fonds internationaux en devises, 42 fonds nationaux en bolivars et en dollars et huit banques[14]. Entre 2003 et 2014, la contribution de PDVSA au développement social, à travers les missions et projets, était d’environ 126,146 milliards de dollars américains[15]. Compte tenu des informations à disposition, il est impossible de déterminer le nombre exact de missions et encore moins d’évaluer le montant correspondant à la redistribution parallèle.
Selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le gouvernement vénézuélien a dépensé environ 45,5 milliards de dollars pour l’achat d’armement militaire entre 1999 et 2014[16], soit environ 36 % du montant alloué par PDVSA au développement social entre 2003 et 2014.
3. La chute des prix internationaux du pétrole dévoile la fragilité économique et le manque de viabilité du socialisme du 21e siècle
Dans le cadre de la révolution bolivarienne initiée dès son arrivée au pouvoir, le président Hugo Chávez savait parfaitement que pour mener à bien ses projets de construction du socialisme du 21e siècle au Venezuela, il devait s’appuyer sur deux piliers nationaux : l’un militaire, l’autre économique, respectivement les FAN et PDVSA. Cependant, ces deux institutions représentaient pour lui un « héritage, sans droit d’inventaire ». En effet, elles avaient été mises en place par les gouvernements de la démocratie représentative ou du « puntofijismo » (en référence au pacte de Puntofijo, accord politique conclu en 1958 entre les trois grands partis vénézuéliens pour assurer la stabilité au pays), expression péjorative employée par lui-même et « le chavisme » pour qualifier l’expérience démocratique entre 1958 et 1998. Par conséquent, le président Hugo Chávez a dû épurer et réorganiser ces institutions pour les mettre au service de la construction du socialisme du 21e siècle en agissant, toutefois, avec précaution, précisément en raison de l’héritage démocratique.
Depuis le gouvernement, le président Hugo Chávez va alors créer trois autres piliers nationaux du socialisme du 21e siècle : a) un leader charismatique « redistributeur » ou « répartiteur » des revenus pétroliers internationaux ; b) des partis politiques : le Mouvement Cinquième République (MVR), le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et la coalition du Grand Pôle Patriotique (GPP) ; c) des organisations de base (réseaux bolivariens, collectifs ou paramilitaires). Le coup d’État d’avril 2002 et le retour du président Hugo Chávez à la tête du pays lui ont permis de réorganiser les FAN, en les renommant les forces armées vénézuéliennes bolivariennes (FANB) « révolutionnaires, anti-impérialistes, socialistes et chavistes ». Il en est allé de même avec la grève générale au sein de PDVSA, de fin 2002 à début 2003, qui lui a permis de donner naissance à « la nouvelle PDVSA », « rouge de chez rouge ».
Cependant, la chute des prix internationaux du pétrole a dévoilé la fragilité économique de la nouvelle PDVSA et du socialisme du 21e siècle. De plus, la mort du leader charismatique a permis de déceler et révéler les aspects les moins viables des piliers qui prônent cette doctrine politique.
3.1. PDVSA : la holding qui a financé le socialisme du 21e siècle et délaissé son activité
Le socialisme du 21e siècle s’est servi de la nouvelle PDVSA comme joker financier et opérationnel afin de redistribuer les revenus aux dénommées missions, ainsi que pour développer des activités et créer des compagnies non pétrolières en son sein, quitte à délaisser son activité initiale.
3.1.1. PDVSA finance les missions du socialisme du 21e siècle[17]
Après la grève générale entre décembre 2002 et février 2003, lorsque le gouvernement a licencié 18 800 employés de la compagnie et en a pris le contrôle avec l’aide des FAN, l’une des premières tâches que l’Exécutif national a assignées « à la nouvelle PDVSA » a été d’allouer une partie de ses bénéfices, avant même le paiement de l’impôt sur le revenu, au développement social, notamment par le biais des missions bolivariennes. Ces dépenses ont augmenté de façon exponentielle à partir de 2003, et en 2006 puis 2012, elles sont devenues si importantes qu’elles représentaient respectivement 254 % et 400 % des bénéfices nets de la compagnie. De même, les dépenses sociales ont dépassé de plus de 50 % les coûts d’exploitation de la compagnie en 2007 et 2011.
Entre 2005 et 2014, les sommes allouées chaque année aux dépenses sociales par PDVSA et ses filiales ont dépassé les montants versés au titre de l’impôt sur le revenu, et ce, significativement certaines années. En 2006 et 2008 par exemple, elles ont été multipliées par trois, ou en 2011, lorsque les dépenses sociales ont été 15 fois supérieures au montant versé au titre de l’impôt sur le revenu. Cette année-là, les 30,07 milliards de dollars américains alloués par PDVSA aux dépenses sociales ont également dépassé les 17,671 milliards de dollars américains versés en redevances.
3.1.2. PDVSA crée en son sein des compagnies non pétrolières et les finances à perte
Depuis 2007, la nouvelle PDVSA a ajouté à ses responsabilités un ensemble d’activités et de compagnies non pétrolières (agriculture, aménagement urbain, industrie, secteur naval, ingénierie et construction, distribution de gaz, télévision, entre autres) afin de les financer et de mettre en œuvre des programmes et des projets de développement social, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le nombre de ces compagnies contrôlées par des filiales de la nouvelle PDVSA était de 47 en2015 ; ce qui représente environ 35 % du total des compagnies affiliées à la compagnie pétrolière d’État (Tableau 1). Naturellement, le nombre d’employés de la nouvelle PDVSA a également augmenté : il est passé d’environ 40 000 en 1998 à 150 000 en 2015. Parmi ceux-ci, on dénombre 21 % d’employés extérieurs au secteur pétrolier.
Tableau 1 : Entreprises liées à PDVSA1/
PDVSA | 2000 | 2015 |
Filiales nationales | 13 | 2 |
Filiales internationales | 4 | 21 |
Associations | 44 | – |
Sociétés d’économie mixte après suppression des associations | – | 45 |
Compagnies non pétrolières contrôlées par des filiales de PDVSA | – | 47 |
Total des entreprises liées à PDVSA | 61 | 135 |
Tableau 1 : Entreprises liées à PDVSA1/. Notes : 1/Filiales (100 % de participation), associations et sociétés d’économie mixte (moins de 100 % de participation). Source : Transparencia Venezuela (2015). Entreprises publiques vénézuéliennes. Secteur pétrolier. Caracas, p. 18.
En 2015, le gouvernement a décidé de recentrer PDVSA sur ses activités pétrolières et de la dissocier d’une grande partie de ses filiales non pétrolières qui passeraient désormais sous le contrôle de l’État. Il s’agissait d’une prise de conscience de l’importante erreur politique et managériale qui consistait à inclure des compagnies non pétrolières en tant que filiales de PDVSA. En 2014, les filiales non pétrolières ont entraîné, en jargon comptable, une « perte après impôt des activités abandonnées » de 2,137 milliards de dollars américains[18].
3.1.3. PDVSA a négligé son propre secteur d’activité
Le prix du panier pétrolier vénézuélien à l’exportation qui a augmenté jusqu’en 2012, sauf en 2009 (Figure3) a chuté au cours des quatre années suivantes (2013-2016). Lorsqu’il est reparti à la hausse, en 2017 et 2018, le Venezuela n’a pas pu bénéficier de ces augmentations. En effet, les exportations nationales, en baisse depuis 2005, ont fortement chuté à partir de 2015 selon des sources secondaires d’informations publiées par l’OPEP, étant donné que le gouvernement vénézuélien a cessé de publier ces statistiques à compter de 2015 (Figure 7).
Si les exportations nationales de pétrole en 2015, 2016, 2017 et 2018 étaient restées au même niveau qu’en 2012, le revenu extérieur total aurait été d’environ 165 milliards de dollars pour ces quatre années, soit 41 milliards de dollars par an. Le montant des revenus des exportations de pétrole pour ces années ne sont pas connus, car la BCV a cessé de publier ces informations à partir du 4e trimestre 2015.
Cependant, le site Internet de l’OPEP montre que le volume de production nationale de pétrole brut est passé de 3 120 000 b/j en 1998, un an avant l’arrivée au pouvoir du feu président Hugo Chávez, à environ 732 000 en mars 2019[19].
3.2. La fragilité économique du socialisme du 21e siècle
Le socialisme du 21e siècle a accentué la dépendance du commerce extérieur vénézuélien aux exportations de pé Entre 2013 et 2016, la chute des prix internationaux du pétrole, qui n’a pas été compensée par une augmentation du volume des exportations, a entraîné une baisse des revenus pétroliers internationaux et des importations, une augmentation des dépenses de réserves de change et a révélé, en outre, la fragilité économique du socialisme du 21e siècle, qui était prévisible.
3.2.1. Les exportations de pétrole par rapport aux exportations de biens
Le Venezuela a toujours été une économie dont le commerce extérieur dépend essentiellement de l’exportation d’un seul produit : le cacao, le café ou le pétrole (Lire : Pétrole : les contrats d’amodiation de pétrole et de gaz aux États-Unis). Mais cette dépendance a été progressive. Une économie nationale dont la balance commerciale dépend, sur l’exportation totale de ces biens, à 69 % des exportations d’un seul et même produit se portera mieux qu’une économie nationale qui dépend de celles-ci à 96 % ou 98 %. Les retombées économiques et sociales seront plus graves dans le second cas, et l’économie vénézuélienne en fait les frais depuis 1998. La dépendance aux exportations de pétrole a franchi le seuil des 90 % en 2008 et a atteint 96,5 % en 2013 (Figure 8).
Comme il fallait s’y attendre, la chute du prix du pétrole (Figure 3) et du volume des exportations (Figure 7) a fait baisser les revenus pétroliers internationaux, affectant immédiatement l’économie vénézuélienne, notamment au niveau des importations.
3.2.2. Les exportations de pétrole par rapport aux importations de biens
Les importations dans l’économie vénézuélienne sont périodiques, ce qui signifie qu’elles ont toujours suivi l’évolution des exportations de pétrole et ont principalement été financées par ces dernières (Figure 9). Le socialisme du 21e siècle a perpétué ce mécanisme cyclique du commerce extérieur : une augmentation des revenus pétroliers donnait lieu à une hausse des importations et inversement. À titre d’exemple, la baisse de près de 66 milliards de dollars des revenus pétroliers entre 2012 et 2015 a fait chuter les importations d’environ 41 milliards de dollars. Cependant, les chiffres pour 2015 montrent un lien inédit : les importations, soit 30,2 milliards de dollars, ont été entièrement financées par les exportations de pétrole, soit 27,8 milliards de dollars, ainsi que par un apport supplémentaire de 2,4 milliards de dollars, provenant probablement des réserves de change.
3.2.3. Réserves de change
À la fin du premier semestre 2018, la BCV estimait les réserves de change du pays à 8,7 milliards de dollars, environ 57 % du montant perçu en 1999 (Figure 10). Le solde obtenu en 2018 signifie, entre autres, que le socialisme du 21esiècle a dépensé en 10 ans (2009-2018) environ 35 milliards de dollars des réserves de change accumulées fin 2008. Dès lors, et malgré un redressement des exportations de pétrole après leur chute en 2009, les réserves de change n’ont cessé de diminuer.
3.3. Le manque de viabilité du socialisme du 21e siècle
La dépense de la totalité des revenus pétroliers internationaux (déjà perçus, actuels et une partie de ceux à percevoir, car le Venezuela ne paiera pas ses dettes sans ces revenus), une corruption massive, la création de nouveaux groupes économiques, les indicateurs de pauvreté et d’émigration et les faibles réserves de change accumulées, pour ne mentionner que certains facteurs, ont levé le voile sur le socialisme du 21e siècle et révèlent certains aspects de son manque de viabilité.
3.3.1. La dépense de la totalité des revenus pétroliers internationaux : perçus, actuels et futurs
Le gouvernement vénézuélien a dépensé la totalité des revenus pétroliers internationaux perçus entre 1999 et 2014, plus 8,3 milliards de dollars transférés de la BCV au Fonds national de développement (FONDEN) en 2007 et 2008, plus 80 % des réserves de change accumulées jusqu’en 2008, sans oublier la dette extérieure. Au total, on peut raisonnablement estimer que le socialisme du 21e siècle a dépensé environ 1 000 milliards de dollars entre 1999 et 2014 (Tableau 2). Ce montant ne comprend pas : a) les dépenses publiques (non incluses dans cette étude), b) la dépense des revenus pétroliers internationaux perçus entre 2015 et 2018, et c) la dette publique extérieure contractée et dépensée après le dernier trimestre 2015, le ministère du Pétrole et la BCV ne publiant plus de statistiques sur les revenus pétroliers et la dette extérieure depuis respectivement 2014 et 2015.
Tableau 2 : Dépenses du socialisme du 21e siècle, 1999-2018 ¹
En millions de dollars (M$) | |
Revenus pétroliers internationaux (2009-2014) | 770 000 |
Transferts de la BCV au FONDEN (2007 et 2008) | 8 300 |
Réserves de change (2009-2018) | 35 000 |
Dette extérieure (fin 2012) | 130 000 |
TOTAL | 943 300 |
Tableau 2 : Dépenses du socialisme du 21e siècle, 1999-2018 ¹. Notes : ¹/ Excluent les dépenses publiques, les revenus pétroliers perçus entre 2015 et 2018 ainsi que la dette publique contractée et dépensée après le dernier trimestre 2015. Source : élaboration de l’auteur basée sur les statistiques ainsi que sur les estimations concernant les revenus pétroliers de la BCV.
3.3.2. Corruption, boli-bourgeoisie[20], pauvreté et émigration
Depuis 2000, les accusations de corruption à grande échelle au Venezuela et le mépris du gouvernement envers certaines affaires se multiplient[21]. Deux cas méritent tout particulièrement d’être cités, compte tenu des sommes astronomiques détournées et des postes à haute responsabilité occupés par les dénonciateurs. Toutefois, selon l’opinion publique, le nombre de cas de corruption serait beaucoup plus important.
Edmee Betancourt, présidente de la BCV (mai-août 2013), a dénoncé qu’en 2012, « entre 15 et 20 milliards de dollars ont été remis à des sociétés fantômes » pour des importations qui n’ont jamais eu lieu[22]. Jorge Giordani et Héctor Navarro, ex-ministres du président Hugo Chávez pendant des années, ont dénoncé « un réseau de corruption d’agents publics et privés » qui, d’après leurs estimations, représenterait « quelque 300 milliards de dollars détournés au cours des dix dernières années… »[23].
Bien évidemment, cette forme singulière d’enrichissement a généré la formation de groupes économiques au Venezuela désignés par l’expression « boli-bourgeoisie ». Il s’agit de néopirates proches du pouvoir ne planifiant qu’à court terme : impatients d’accumuler de la fortune pour ensuite l’expatrier, la dilapider cyniquement et faire des affaires hors du Venezuela.
Face au manque d’informations sur la réalité sociale, trois universités du pays, Católica Andrés Bello, Central de Venezuela et Simón Bolívar, ont mené l’enquête nationale sur les conditions de vie de la population vénézuélienne[24]. Les résultats préliminaires révèlent que 63 % de la population restée au pays bénéficiaient des missions bolivariennes tandis que 34 % n’en bénéficiaient pas ; 87,9 % des foyers possédaient « le Carnet de la patrie » et recevaient des caisses de nourriture de la part des CLAP : 41 % d’entre eux en obtenaient une tous les mois et 43 % la recevaient de manière aléatoire ; 94 % de la population n’avaient pas de revenus suffisants pour vivre convenablement, 60 % de la population disposaient d’une protection sociale précaire et 48 % des foyers étaient pauvres.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations[25] ont déclaré que « le plus grand déplacement de population enregistré ces dernières années en Amérique latine » s’était produit au Venezuela, ajoutant « qu’actuellement, 3,3 millions de Vénézuéliens se trouvent dans 16 pays d’Amérique du Sud, les projections du Plan régional d’aide aux réfugiés et aux migrants (RMRP) du Venezuela prévoyant le départ de deux millions de personnes supplémentaires en 2019 ».
3.3.3. Le manque de viabilité du socialisme du 21e siècle
Une fois l’illusion de l’engouement suscité par le chavisme et de la redistribution massive et incontrôlée des importants revenus pétroliers internationaux dissipée, le socialisme du 21e siècle a révélé son manque de viabilité. Ce dernier présente certaines caractéristiques du socialisme réellement existant du 20e siècle : le pouvoir écrasant de l’État, des militaires appartenant aux forces armées vénézuéliennes (la FANB), du parti PSUV (pas si unifié que cela) et des paramilitaires ; l’attitude autoritaire, militariste et prédatrice des dirigeants. Pour ne rien arranger, l’anti-impérialisme américain du socialisme du 21e siècle a fait du Venezuela un pion dans le « jeu » géopolitique des grandes puissances mondiales.
Conclusions
L’ensemble des sanctions diplomatiques, économiques et militaires prises par les États-Unis, et plusieurs gouvernements de l’Union européenne et d’Amérique latine contre quelques fonctionnaires et biens de l’État vénézuélien, aggrave la situation socioéconomique du pays dans l’immédiat, mais aussi dans un futur proche. Cependant, la difficile conjoncture actuelle ne résulte pas directement de ces sanctions. En effet, les causes profondes des bouleversements économiques et sociaux que connaît le Venezuela aujourd’hui reposent sur les prévisions qui ont servi à l’élaboration de la politique mise en œuvre depuis 1999, ainsi que sur leurs conséquences prévisibles. Conséquences : le Venezuela a hélas probablement perdu l’une des meilleures occasions qu’il n’ait jamais eues de réformer et d’améliorer durablement sa situation socioéconomique.
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Notes et références
[1] Ce qui n’explique qu’en partie les bas prix des carburants puisque l’État vénézuélien les fixe sous leur coût de production, ce qui a pour effet de favoriser la consommation intérieure… et la contrebande de carburant.
[2] Dénomination due à Heinz Dieterich en 2005.
[3] Le Plan Bolívar 2000 est un programme national d’aide sociale décrété le 27 février 1999. Il a été mis en œuvre exclusivement par les forces armées vénézuéliennes (FAN), sous prétexte de fournir des biens et services essentiels à la population pauvre du pays. Cependant, ce plan avait pour objectif implicite de présenter l’armée comme une institution populaire, et non comme l’institution répressive qui avait agi légalement lors des émeutes des 27 et 28 février 1989, connues sous le nom du « Caracazo ». Par ce programme, le président Hugo Chávez a jeté les bases des trois piliers qu’il considère comme essentiels dans un gouvernement : « l’union civile et militaire », sans oublier celle entre « le dirigeant et le peuple », et une troisième non explicite, mais évidente : le « dirigeant et l’unique administrateur des revenus pétroliers internationaux ».
[4] Présentation du rapport et compte-rendu du commandant-président Hugo Chávez devant l’Assemblée nationale (2004). Italiques de l’auteur (Jesús Mora Contreras).
[5] Rafael Ramírez, ministre et président de PDVSA, a fait preuve de loyauté envers le « dirigeant » et a menacé brutalement les employés de la compagnie lors d’une réunion : « Aucun responsable, aucun fonctionnaire du ministère de l’Énergie et du Pétrole, aucun salarié, aucun membre de nos composantes ou réserves militaires, personne travaillant ici, à la nouvelle PDVSA, n’aura l’ombre d’un doute sur le fait que la compagnie est aux côtés du président Hugo Chávez » et « quiconque oubliera que nous sommes en pleine révolution se le verra rappeler par la force, car cette entreprise est aux côtés du président ». Rafael Ramírez menace les employés de PDVSA. Disponible à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=N6MgIkjOIeE
[6] Italiques de l’auteur (Jesús Mora Contreras).
[7] Italiques de l’auteur.
[8] El Universal, 2000.
[9] Véase: Domingo, C. et al. (1999).
[10] Forite (2012).
[11] Mora C., J. et al. (2017).
[12] Véase para ampliar: Aporrea (2006) y Mora C., J. et al. (2017), op.cit.
[13] Harnecker Marta, 2004
[14] Mora Contreras Jesús. et al., 2018
[15] Mora Contreras Jesús. et al. (2017), op. cit.
[16] SIPRI, 2018.
[17] Ce paragraphe a été rédigé sur la base de Mora C., J. et al. (2017), op.cit.
[18] PDVSA 2015 : 21
[19] OPEP, 2019 : 58
[20] Acronyme de bolivarien et bourgeoisie, Zapata Juan Carlos, 2018, op. cit.
[21] Zapata Juan Carlos, 2018
[22] Aporrea, 2013
[23] Reuter, 2016
[24] ENCOVI 2018
[25] ONU, 2019
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